Les coulisses

Laboratoire d’Archéologie des Métaux à Jarville-La-Malgrange

Les experts font parler le métal

À l’entrée du Féru des Sciences, à Jarville-la-Malgrange, le Laboratoire d’Archéologie des Métaux (LAM), structure de la Métropole, est au service de l’histoire. Ici, des experts restaurent des objets en métal, en verre ou en céramique en s'aidant des techniques les plus modernes.

Raquel Rivas et Ana Ribeiro, toutes deux conservatrices et restauratrices de biens culturels au Laboratoire d’Archéologie des Métaux (LAM), sortent délicatement d’une boîte hermétique un bijou en or et argent sertis de pierres précieuses. Cette broche fait partie des vestiges découverts en 2021 lors de travaux sur la RN135 à Velaines en Meuse. Les recherches archéologiques préliminaires ont permis de mettre au jour plus de 300 sépultures mérovingiennes datant probablement du 6e siècle. Des haches, des fibules (agrafes servant à fixer les vêtements), des couteaux, des épées, des céramiques, des objets en verres, des pinces, des clés… Au total, 900 objets ont été confiés au LAM pour être nettoyés et stabilisés avant d’être étudiés par l’INRAP (Institut National des Recherches Archéologiques) de Metz.

Installé à l’entrée du Féru des sciences à Jarville-la-Malgrange, le laboratoire est discret. Il est pourtant un des premiers du genre à avoir été créé en France, en 1950 par Édouard Salin, ingénieur et archéologue dont le Château de Montaigu fut la demeure, et Albert France-Lanord, industriel et lui aussi archéologue. Depuis janvier 2010, le LAM est intégré à la Métropole du Grand Nancy.

Ici la patience et la curiosité doivent s’allier pour faire parler ces trésors. D’abord, il faut observer méticuleusement chaque objet pour déterminer la nature des matériaux. « Sur cette boucle de sac, nous retrouvons des morceaux de tissu. Sur cette hache, nous avons encore quelques morceaux de bois du manche. Ce sont autant de précieux éléments qui serviront aux chercheurs », explique Ana Ribeiro. Sur sa paillasse, Anne-Catherine Goetz, restauratrice indépendante en contrat pour trois mois au LAM, coton tige à la main, exhume d’une motte de terre un peigne en os.


Des armures du 15e siècle

Ana Ribero vient quant à elle de redonner sa forme à une céramique issue de Grand dans les Vosges. Un à un, elle a rassemblé les petits morceaux brisés, consolidé l’ensemble et stabilisé l’objet qui va pour la première fois être exposé au musée. Outre le nettoyage, la consolidation et la stabilisation des objets, le LAM est aussi habilité à restaurer et réaliser des moulages en résine dans un but scientifique, muséographique ou pédagogique.

Après plusieurs semaines entre les mains des restauratrices du Grand Nancy, avec l’aide d’une équipe pluridisciplinaire de Nancy et d’autres régions, les six armures du Château de Haut-Koenigsbourg ont retrouvé leurs places en Alsace. Ces pièces en acier du 15e, 16e et 17e siècle dormaient dans les réserves de la forteresse alsacienne depuis 1997. Il a fallu la dextérité et le savoir-faire des restauratrices du LAM pour leur redonner leur éclat d’antan.

Dans le Laboratoire jouxtant le grand parc de Montaigu, l’histoire se raconte par les objets. Les biens culturels du passé, ainsi conservés, seront visibles par les générations futures.

Laboratoire d’Archéologie des Métaux 1 avenu du Général de Gaulle à Jarville-La-Malgrange. www.laboratoiredarcheologiedesmetaux.eu


3 questions à Jean-Edouard Siméon

Responsable de la mission valorisation des patrimoines et des coopérations culturelles des territoires au sein du Pôle Muséal de la Métropole et nouveau directeur du Laboratoire d’Archéologie des Métaux.

Pour qui travaille essentiellement le LAM?

Le Laboratoire travaille pour de nombreux acteurs locaux et nationaux, qu'il s'agisse d'établissements scientifiques ou culturels. Elle compte des clients historiques qui font régulièrement appel à son expertise comme l'Institut National de Recherches Archéologiques Préventives de Metz ou les Centres de Conservation et d’Étude de Lorraine et d'Alsace. De nombreux musées font également appel à ses services. C'est régulièrement le cas du Palais des Ducs de Lorraine - Musée Lorrain, du Musée de la Cour d'Or de Metz, du Musée Archéologique de Strasbourg, ou encore du site archéologique de Grand. Mais il arrive aussi que de grandes institutions nationales aient besoin de ses services. Ce fut le cas du Musée du Louvre notamment.

Le LAM, structure de la Métropole, a-t-il de nouveaux projets pour cette année?

Le carnet de commande du LAM ne désemplit pas ! Sur l'année 2023, plusieurs restaurations se poursuivent ou démarreront. Parmi elles, on peut citer la restauration d'outils agricoles gallo-romains issus des fouilles de Saint Clément, en Bourgogne, pour une future exposition au Musée de Sens. Il est également prévu la restauration d'un casque en bronze du Musée Rolin d'Autun, en collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France situé au Musée du Louvre. Et puis n'oublions pas la Place Stanislas avec un constat de l'état des grilles Jean Lamour, dont certaines doivent être prochainement restaurées

Peut-on visiter le laboratoire ?

Oui, nous veillons à faire connaître les activités du LAM à chaque occasion. Toutefois, étant donné la spécificité de ses missions, les visites ne peuvent pas être aussi fréquentes que celles d'un musée. Elles doivent être encadrées pour assurer la sécurité des visiteurs et des œuvres qui y sont restaurées mais aussi pour prendre le temps d'expliquer les enjeux de la restauration du patrimoine. Le LAM participe ainsi aux différents événements nationaux de valorisation culturelle et scientifique comme les Journées Européennes de l’Archéologie, les Journées Européennes du Patrimoine ou encore la Fête de la Science. Le laboratoire accueille également des étudiants et des scolaires dans le cadre de projets d'Éducation Artistique et Culturelle sur les métiers du patrimoine.